ARTICLE DE L'EQUIPE DU 8 FEVRIER

par **Vauclusiendu57** Jeu 8 Fév - 20:07

Sur le terrain et en coulisses, rien ne va à Metz en ce début d'année

Des résultats préoccupants, une gestion des mercatos alarmante, des frictions dans les bureaux... Le FC Metz vit une saison particulièrement mouvementée.

Couvertes par un vent ébouriffant et des cache-cous parfois remontés jusqu'au nez pour lutter contre le froid, les voix s'élèvent sur la plaine de Frescaty. Alexandre Oukidja alerte ses défenseurs, Ismaël Traoré replace ses coéquipiers, des membres du staff encouragent ou félicitent les joueurs au gré des exercices, le tout sous les yeux captivés d'une douzaine de courageux supporters venus braver la pluie. De cette scène matinale, dans un climat détendu, rien ne transparaît de la situation traversée par le FC Metz.

L'équipe lorraine, barragiste, traverse pourtant une série alarmante de sept défaites en Championnat, auxquelles est venue se greffer une élimination précoce en Coupe face à Clermont (1-1, 1-3 aux t.a.b.), 5 janvier. Un tel enchaînement de revers en L1 ne s'était plus produit au club depuis 1950. C'est dire si la situation est préoccupante, et elle a eu raison de la patience d'une petite centaine de supporters partis en découdre avec les forces de l'ordre en marge de la défaite contre Lorient, dimanche à Saint-Symphorien (1-2). Habitués à voir leur club faire l'ascenseur entre la L1 et la L2, les fans grenat sont aujourd'hui préoccupés par une crise qui n'impacte pas que le sportif.

« Une crise ? Je n'emploierais pas ce mot, je dirais qu'on est dans la difficulté », a évacué mercredi Laszlo Bölöni. Quand on lui a demandé s'il était satisfait du mercato, l'entraîneur de 70 ans a averti : « C'est un sujet que je ne veux pas aborder parce que c'est très sensible. Le mercato, je le détaille là où il faut le détailler mais pas dans des endroits qui amènent à la polémique. » Puis le technicien roumain a glissé : « Il n'y a aucun endroit où l'entraîneur, la direction, le directeur technique et le public peuvent tous être contents. »

Des tensions palpables

À Metz, tout le monde est aligné : personne n'est content. Et cela se ressent en interne où des points de tension sont de plus en plus palpables. Si les joueurs tirent dans le même sens, comme l'a suggéré Kévin Van Den Kerkhof mercredi - « Le groupe n'a pas lâché et ne lâchera pas » -, dans les bureaux, le dialogue est beaucoup difficile entre Pierre Dréossi et Bouabdellah Tahri.

Le premier a été nommé directeur du football en juin 2022 alors que le second, originaire de Metz, était arrivé le mois suivant pour occuper un rôle d'analyste data avant de devenir coordinateur du recrutement un an plus tard. Si Dréossi avait accueilli sans souci particulier cette promotion, la collaboration entre les deux hommes aux profils différents s'est sensiblement détériorée au fil du temps. Tous les deux se savent jugés sur les conséquences de leur recrutement, et dans ce domaine, le bilan est raté. Mises à part quelques exceptions (Hérelle, Colin, Van Den Kerkhof), celui de l'été a débouché sur moult erreurs de castings, cristallisées par les échecs des trois attaquants, Oscar Estupinan, Simon Elisor et Benjamin Tetteh. Deux d'entre eux sont déjà repartis durant l'hiver, et Metz a tout fait pour exfiltrer le troisième.

Des fins de mercatos mal gérées

Mais ce qui interpelle en Lorraine, c'est aussi la gestion des fins de mercatos : loin d'avoir terminé leur recrutement, les décideurs messins avaient suivi une multitude de pistes à la hâte le 31 août, quelques heures avant la clôture du marché. S'ils avaient enregistré la venue d'Estupinan, ils ont échoué dans les dossiers de l'attaquant Wilson Isidor (Lokomotiv Moscou) et du gardien Daniel Schmidt (Saint-Trond). Rebelote cinq mois plus tard. Dréossi et Tahri n'ont pas réussi à conclure le départ de Tetteh à Louvain (Belgique), le 1er février, ni à attirer Jonatan Braut Brunes en retour. Conséquence de cet échec, le président Bernard Serin, qui prêtait main-forte, et Dréossi ont totalement ignoré les appels des dirigeants du PFC au moment de boucler le prêt d'Ibou Sané, reparti en pleurs en Moselle.

Malgré les arrivées de Georges Mikautadze (Ajax) et de Didier Lamkel Zé (Hatayspor), l'effectif n'apparaît pas assez renforcé. Dréossi et Tahri ont essuyé de nombreux refus de clubs ou de joueurs et, face à cette situation, même Mikautadze était allé jusqu'à proposer le nom de son compatriote géorgien Otar Kiteishvili (Strum Graz).

Bölöni pas en sursis ?

Bien avant d'établir ce constat d'échec généralisé, le ton est monté entre les deux hommes au sujet des profils de joueurs à aller chercher. À 64 ans, l'ex-dirigeant de Rennes et du Paris FC a son réseau et estime sa méthode rodée alors que l'ancien champion de demi-fond (45 ans), ambitieux, aurait trouvé que Dréossi ne ciblait que des éléments s'approchant de la fin de carrière (M'vila) ou inabordables (Ömur à Trabzonspor). En retour, Dréossi n'apprécierait pas que Tahri, conforté par le fait d'avoir été nommé par Serin, soit aussi sonore alors qu'il dispose d'une expérience limitée et qu'il reste en dessous dans la hiérarchie au club...

Dans ce contexte pesant, Serin serait apparu fatigué ces derniers jours. Aucun des trois dirigeants n'a souhaité réagir à nos sollicitations. Et Bölöni dans tout ça ? Quand il lui a été demandé s'il se sentait menacé, l'entraîneur roumain s'est subitement levé de sa chaise et a mis fin à la conférence de presse... S'il n'est pas en sursis à ce stade, il est lui aussi sous tension.